# 2 L’Ortie – Les cygnes sauvages de Hans Christian Andersen

Cette année plusieurs de nos événements seront axés sur le thème de « l’art et la nature ». La nature regorge d’ingéniosités spectaculaires, Il n’est donc pas étonnant qu’elle suscite notre créativité. Nous avons choisi de vous présenter chaque mois dans notre newsletter un portrait de plante ayant inspiré des artistes.

L’Ortie dioïque (Urtica dioica) est une plante vivace bien connue de nos jardins pour peu que le sol soit riche en azote. Passée l’appréhension de les cueillir en raison de leurs petits poils urticants (trichomes), vous découvrirez une plante aux nombreuses vertus.

Figure de proue de celles que l’on nomme communément les « mauvaises herbes » l’ortie est pourtant indispensable à tout bon jardinier qui l’utilisera en purin ou infusion contre les acariens. Et comme une ortie ne pousse jamais seule, le massif généreux accueillera de nombreux insectes. En effet trente espèces d’insectes sont directement inféodées à cette plante. Une raison de plus pour mettre un peu de piquant dans votre jardin !
Les gourmands n’hésiteront pas à savourer l’ortie sous forme de soupes, gâteaux, tisanes, biscuits…

Les plus audacieux tisseront les fibres d’orties comme dans ce célèbre conte d’Andersen « Les cygnes sauvages » dans lequel la fée  Morgane enjoint  la jeune Elisa voulant retrouver ses frères changés en cygnes de confectionner onze cottes d’ortie.
« Ecrase les Orties avec tes pieds, et tu auras de la fibre ; tu en tisseras et tailleras onze cottes de mailles à longues manches, tu jetteras ces cottes de maille sur les onze cygnes sauvages et la magie sera rompue.»
Sommée de garder le silence tout le temps du tissage, la jeune fille devra faire face aux soupçons de sorcellerie dont elle est accusée par l’entourage de son époux, le roi.
C’est au terme de son ouvrage et alors qu’elle est conduite à l’échafaud que ses frères vêtus de leur cottes, et ayant retrouvé leur forme de prince, viennent lui porter secours.

Ce conte de 1838, s’il est empreint de magie et de sortilèges, témoigne cependant des véritables propriétés de l’ortie pour la confection de textiles. L’usage des fibres d’ortie remonte à l’âge de bronze et elles étaient utilisées dans de nombreux pays du monde tels que l’Egypte ou la Suède. Les propriétés antibactériennes de l’ortie permettaient aux bergers corses de filtrer le lait sur une étamine sur laquelle ils disposaient des orties. Plus récemment, on retrouve l’ortie durant la première guerre mondiale dans les toiles et tente, les sacs mais aussi les pulls et les chaussettes des soldats allemands. L’essor de l’industrie aura eu raison de ces savoirs faires traditionnels, sa transformation n’ayant jamais pu être entièrement mécanisée.

Simple, délicieuse, solide, réconfortante, les atouts de cette belles sauvageonne ont de quoi piquer notre curiosité.

Sources :
Les secrets de l’Ortie – Bernard Bertrand – Ed. Terran
Ortie et pissenlit – Anne Brunner- Editions la plage
Purin d’ortie et Cie – Bernard Bertrand, Jean-Paul Collaert, Eric Petiot –Ed. Terran