Régulièrement, dans les jardins du Conservatoire, pour une raison inexpliquée, une plante connait une croissance exceptionnelle et prend des proportions énormes par rapport à sa taille habituelle.
L’année dernière nous vous avions présenté le Datura , cette année place à la gaude, aussi connue sous le nom de Réseda des teinturiers. Cette plante est bien connue des amateurs de teinture végétale.
Un peu de botanique
La gaude est une plante herbacée mesurant habituellement 60 cm à 1,20 m. La première année elle pousse sous forme de rosette, et présente une touffe de feuilles attachées au sol. La deuxième année elle se développe en une longue tige. Elle possède une racine pivotante et peut parfois persister plusieurs années. Ses feuilles sont alternes et lancéolées, et ses petites fleurs de couleur jaune-vert se répartissent le long de la tige en grappes allongées. Originaire du bassin méditerranéen et d’Asie occidentale, elle apprécie les milieux sableux ainsi que les rocailles, ruines et autres éboulis.
En quoi notre spécimen se démarque-t-il de ses semblables ? Habituellement plantée dans le massif des plantes tinctoriales, notre gaude s’est invitée spontanément dans le massif des plantes aromatiques, et s’est développée tranquillement jusqu’à toiser 1m85 de haut. Elle a développé de nombreuses tiges périphériques qui s’étendent sur 90 cm de large, ce qui lui donne une envergure conséquente (voir photo). Elle a actuellement fini sa floraison et présente des centaines de graines, qui seront récoltées à maturité pour alimenter le stock de semences du Conservatoire.
« La plante du jaune »
La gaude est une plante tinctoriale utilisée depuis des milliers d’années. Des graines ont été retrouvées dans des cités lacustres du néolithique en Suisse, démontrant un usage à cette époque (1).
Parmi ses usages historiques, les Egyptiens l’utilisaient comme source principale de jaune. Dans l’Antiquité, les Romains l’utilisaient pour teindre les tuniques des vestales. Au Moyen Âge, elle est cultivée de manière intensive proche des grandes cités drapière, en France, Allemagne et Angleterre notamment.
Pour l’utiliser, il faut arracher la plante entière en été, au moment où elle monte en graines, puis retirer les racines. Afin de garder au maximum sa teneur en colorants, mieux vaut la sécher rapidement ou l’utiliser fraîche. Le séchage à l’air libre diminue sa qualité de coloration. Le principe colorant est contenu dans toute la partie aérienne, mais ce sont les enveloppes des graines qui en contiennent le plus (2).
La teinture obtenue à partir de la gaude est présentée comme la plus solide de toutes les teintures végétales européennes (3). Elle permet d’obtenir facilement un beau jaune vif.
Si vous avez l’âme d’un teinturier ou si tout simplement cette plante vous intéresse, n’hésitez pas à venir l’observer en version XXL dans les jardins !
Bibliographie :
(1) DELPHIN C. et GITTON E. – Plantes à teinter – éditions Plumes de carotte, 2011
(2) DUMONT E. – Teindre avec les plantes – éditions Ulmer, 2010
(3) CARDON D. – Pratique de la teinture végétale – éditions Fleurus, 1978