Les spécificités du triage des semences

Le triage est l’avant-dernière étape dans la chaîne de production de semences qui nous permet de sortir les graines de leurs fruits, afin de pouvoir les conserver et les ajouter à notre stock.

Pour trier manuellement les graines, nous utilisons des tamis avec des maillages de plusieurs tailles différentes, allant du plus large au plus fin. En effet, après avoir récolté la plante et après l’avoir fait sécher, elle est encore entière et nous devons détruire les fruits afin d’accéder aux graines en grattant le végétal dans les tamis.

Fruit séché de primevère officinale (Primula veris)
Tamis à larges mailles
Tamis empilés du plus large au moins large

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La première étape est de casser le fruit dans des tamis à larges mailles pour libérer la graine et la séparer des autres résidus, comme des feuilles mortes ou des poussière.

Lorsque ce premier tri est terminé, nous obtenons un mélange de graines et de petits déchets, qui va nécessiter un deuxième triage minutieux avec des tamis beaucoup plus petits afin de se débarrasser de manière plus précise des déchets restant. Lors de cette étape, on ne gratte plus la graine qui est libre de son fruit, on secoue la pile de tamis pour séparer les différents éléments en fonction de leur taille.

Graines obtenues après le premier passage dans les tamis
Tamis de petite taille

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A la fin de ce 2ème tri, il ne nous reste plus qu’à passer les graines dans notre colonne de séparation INRA pour terminer. Cette colonne est un moyen simple de trier les graines des déchets suivant leurs différences de poids dans un courant d’air montant dont nous ajustons l’intensité en fonction des graines.

Résultat du tri final à la colonne INRA

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lorsque nous récupérons les graines après leur tri à la colonne INRA, nous les rangeons ensuite dans des enveloppes en papier en précisant bien leur identité, en attendant leur conditionnement final.

Cependant, pour certaines espèces, le triage se passe de manière un peu différente.

Par exemple, il est parfois nécessaire de piétiner les plantes. Comme nous avons plus de force dans les jambes que dans les bras, cette technique permet de moins se fatiguer qu’en frottant la plante dans un tamis. Ajouté à cela, cette technique est plus rapide et plus efficace lorsque nous avons de gros lots à trier, car de cette manière nous n’avons pas besoin de le diviser plusieurs fois dans un tamis. Ce procédé est utilisé quasiment systématiquement pour des gros lots de plantes de la famille des Lamiacées, car la graine est coincée tout au fond du fruit.

Les graines enfermées dans des fruits charnues nécessitent également un traitement particulier. Pour la belladone (Atropa belladonna) ou le sureau (Sambucus nigra), il est nécessaire de gratter les fruits sous un jet d’eau. De cette manière, on éclate le fruit dans le tamis et l’eau permet de rincer la chair qui va s’évacuer dans le tamis du dessous libérant ainsi la graine. Celle-ci doit ensuite être bien séchée avant d’être triée définitivement.

 

Pour parfaire le triage de Galega officinalis, (galega officinal) il faut faire tremper les graines et les déchets dans de l’eau. En effet, certaine de ces graines sont souvent mangées par des insectes au cours du séchage et se retrouvent perforées, donc stériles. Les graines stériles remontent ainsi immédiatement à la surface avec le reste des déchets. Il ne reste plus qu’à recueillir les bonnes graines restées au fond de la bassine. Cette technique permet d’éliminer les graines non viables de manière très rapide.

Graines perforées
Graines en bon état

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lorsque que nous n’arrivons plus à dissocier les déchets des graines car ils font la même taille et que les graines sont rondes, il nous arrive aussi de les faire rouler dans un bac. C’est le cas notamment pour les graines de Buglossoides purpurocaerulea (grémil pourpre bleu) ou encore pour les sauges, car leurs graines sont rondes et lisses. Cette méthode permet séparer les graines arrondies sans effort.

 

Parfois, il faut séparer les graines des résidus une fois tous les passages dans les tamis effectués en soufflant dessus, comme c’est le cas pour l’arnica (Arnica chamissonis) ou l’hélichryse italienne (Helichrysum italicum ssp. italicum). Comme les graines sont très petites, jusqu’à 30 000 graines dans un gramme, on ne peut pas les dissocier des poussières avec les tamis car le maillage n’est plus assez fin. En soufflant sur le mélange graines et résidus avec la bonne intensité, on réussit à faire s’envoler les poussières en gardant les graines au fond du tamis car elles sont tout de même un peu plus lourdes. Cette méthode demande beaucoup de technicité et de savoir-faire.

 

Enfin, il y a des espèces qui ont besoin d’un traitement spécial est assez fastidieux. Par exemple, pour récupérer les graines de Dittrichia graveolens (inule odorante), nous devons d’abord détacher les graines des fruits à la main avant de les trier au tamis. Les tiges de cette plante étant très collantes, il serait très difficile de la frotter au tamis sans que les graines et les ombelles ne se collent entre elles et rende la séparation des éléments impossible. Ainsi le triage de certaines espèces, principalement de la famille des Astéracées, nécessite du temps et de la patience.

 

 

 

 

 

 

 

Si vous le souhaitez d’autres informations sur le triage des semences, n’hésitez pas à consulter nos articles précédents sur ce sujet.
https://www.cnpmai.net/fr/2019/11/12/triage-semences-focus-chardon-beni/
https://www.cnpmai.net/fr/2019/09/10/triage-semences-batteuses/
https://www.cnpmai.net/fr/2018/10/29/triage-semences-conservatoire/