L’art et la nature Les Coquelicots de Claude Monet

« Je dois peut-être aux fleurs d’avoir été peintre. » – Claude Monet

Comment expliquer que cette modeste papavéracée, populairement nommée « bâtard des blés » souvent assimilée à une « mauvaise herbe » ait pu inspirer au célèbre peintre l’une de ses œuvres majeures ? Sans doute l’artiste fut-il séduit par le caractère fragile et délicat du coquelicot, à moins que ce ne soit par sa spontanéité sans gêne qui fait qu’on le retrouve aussi bien en ville que dans les champs.

Dans son tableau Coquelicots (1873) Claude Monet représente deux promeneurs, sans doute sa femme, Camille, accompagnée de leur fils Jean en promenade dans un champ de coquelicot. Mais ce sont bien ces fleurs rouges qu’il met à l’honneur par opposition à la robe bleue de la femme au premier plan. Un beau ciel de printemps, bleu lui aussi, vient contraster avec le champ empourpré. Nous y sommes : La douceur du vent sur le visage, la caresse du coquelicot sur les jambes, un petit bouquet rouge confectionné par l’enfant désireux d’emporter avec lui le souvenir éphémère de cette promenade.

 

Les coquelicots semblent accompagner les deux marcheurs. Ils déferlent sur eux en de joyeuses notes, signifiées par les coups de pinceaux de l’artiste. Par des petites touches de peintures à l’huile, Monet fait danser les délicats pétales vermillon qu’une simple brise suffirait à faire voyager. Ainsi déshabillés ils révèleront la capsule qui renferme les précieuses graines qui, semées par le hasard, viendront égayer le printemps prochain.

Ami des promeneurs, des poètes, des peintres, le coquelicot vaut bien sa dénomination de plante compagne. Compagnon il l’est aussi aux champs comme étendard d’une biodiversité retrouvée. Il y côtoie volontiers bleuets, glaïeuls et pensées sauvages qui enchantent les cultures de céréales de leurs multiples couleurs.

Peut-être changerez-vous alors de regard lorsque l’impertinent viendra rougir votre jardin. Au lieu de sortir votre sécateur vous sortirez peut-être votre pinceau.

Biblio : Le coquelicot, poète des champs – Bernard Bertrand – Editions Terran