Des ruches au Conservatoire

Les PPAM : des plantes mellifères

La grande diversité des plantes présente au Conservatoire amène une faune très diversifiée au sein de nos parcelles et du jardin. Nous croisons souvent au détour d’une fleur guêpes, chrysopes, papillons et beaucoup d’autres insectes. Sur les 1200 espèces végétales présentées, il y a continuellement de nouvelles floraisons et ce pour le plus grand bonheur de la faune alentour et en particulier des abeilles habitant les ruches qui ont été installées sur nos parcelles.

« Mellifère » provient du latin mellis signifiant « miel » et de ferre signifiant « porter ». On appelle donc mellifères les plantes qui produisent une bonne quantité de nectar et/ou de pollen, accessibles par les abeilles,  qui vont s’en nourrir.

Parmi les familles botaniques, il en existe certaines plus mellifères que d’autres, en fonction de la stratégie de reproduction adoptée par les espèces de la famille. Les espèces de la famille des Astéracées et des Lamiacées par exemple sont particulièrement appréciées des insectes pollinisateurs.

Au sein de la famille des Astéracées, il existe une multitude de floraisons différentes variant au niveau du port et des couleurs. Il est intéressant de noter que les insectes ont une perception des couleurs différentes de la nôtre. Ainsi, ils sont tout particulièrement réceptifs à la couleur jaune, couleur que l’on retrouve souvent dans les floraisons de cette famille, dont les capitules constituent  ainsi de véritables pistes d’atterrissage lumineuses.

Au sein de la famille des Lamiacées, on retrouve des plantes aromatiques et médicinales bien connues comme  la Sauge (Salvia officinalis ssp officinalis), la Lavande (Lavandula angustifolia ssp angustifolia), le Romarin (Salvia rosmarinus), le Marrube (Marrubium vulgare). Les espèces de cette famille sont particulièrement mellifères, grâce à la quantité de nectar sécrétée par les fleurs, et attirent les insectes avec leur floraison colorée et étalée dans le temps.

La pollinisation, une aide indispensable pour notre production de semences

Le Conservatoire autoproduit ses semences en les récoltant dans la Grande Collection mais aussi sur des rangs spécifiques de pépinières de semences dans notre parcelle en champ. Pour les espèces allogames*, la pollinisation des inflorescences est une  condition sine qua non de la récolte  des semences pour les espèces entomogames**. Elle se fait en grande partie grâce aux insectes butineurs, comme les abeilles. Ces insectes, attirés par la couleur et l’odeur des fleurs, vont se poser sur une fleur, consommer le nectar sécrété par elle, et au passage, vont accrocher sur leurs poils des grains de pollen (gamètes mâles des fleurs). En se déplaçant sur la fleur d’à côté, elles vont déposer quelques grains de pollen provenant d’autres fleurs, et vont ainsi permettre la fécondation croisée entre les gamètes mâles et femelles. Cette fécondation permettra à l’ovule (gamète femelle) de se transformer en graine.

Ainsi, un cercle vertueux se créé entre l’abeille et la plante : la plante fournit le nectar et le pollen à l’abeille pour lui permettre de produire son miel (le besoin en pollen d’une colonie est estimé entre 20 et 40 kg par an, et pour une abeille par jour 4mg en moyenne (1)). En « contrepartie » de quoi, l’abeille permet la reproduction de l’espèce végétale et la fécondation croisée, stratégie d’adaptation et d’évolution adopté par un grand nombre d’espèces. En effet d’après le premier rapport de la  Plateforme sur la biodiversité et les services écosystémiques (Ipbes)(2), 35% de la production agricole mondiale dépend des pollinisateurs. Mis à part l’abeille domestique, la plus connue, il existe dans le monde plus de 20 000 pollinisateurs sauvages (insectes ou animaux comme les chauve-souris par exemple). Ces espèces indispensables à la vie sur terre sont malheureusement menacées d’après la liste rouge de l’UICN : 9% des espèces d’abeilles et de papillons sont menacés d’extinction en Europe, et 30% sont en déclin. Pour lutter contre cette érosion, plantez donc autour de vous des plantes mellifères locales et sauvages, comme la sauge, l’hysope ou le romarin ! Attention cependant à éviter les « mélanges fleuris » ne présentant pas la marque « Végétal local » qui certifie une origine sauvage et locale des végétaux proposés. Pour en savoir plus, vous pouvez regarder cette vidéo sur le sujet.

* Espèces végétales dont la pollinisation a lieu par « fécondation croisée » entre les gamètes mâles et femelles de deux individus distincts, par opposition aux espèces autogames, dont la fécondation a lieu entre les gamètes mâles et femelles du même individu.

** Espèces végétales dont la pollinisation dépend des insectes, par distinction avec les espèces anémogames (pollen véhiculé par le vent), ou encore zoogames (pollen véhiculé par les animaux) par exemple.

Bibliographie

(1) Garance Di Pasquale. Influence de l’alimentation pollinique sur la sante de l’abeille domestique, Apis mellifera. Agricultural sciences. Université d’Avignon, 2014. French. . HAL

(2) Disponible en téléchargement ici : https://www.fondationbiodiversite.fr/actualite/ipbes-4-pollinisation-pollinisateurs-et-production-alimentaire-un-etat-des-connaissances-pour-laction-publique-et-privee/