Le bouturage : comment ça marche ?

Boutures de verveines citronnelle avec développement des bourgeons foliaires, signe que l'enracinement est faitLors d’un précédent article sur le bouturage, nous vous présentions les différents types de bouturage et comment réaliser ces boutures. Mais comment un morceau de tige apparemment inerte peut se transformer en une plante toute neuve ?

Le bouturage est une des techniques de multiplication végétative qui permet de diviser une plante en gardant ses caractéristiques génétiques : on en produit un clone. La multiplication végétative s’oppose à la multiplication ou reproduction sexuée qui brasse le patrimoine génétique de deux individus (voir article : «Récolte de semences : de la fleur à la graine »). C’est donc cette technique qui est privilégiée lorsque l’on souhaite renouveler nos collections clonales de lavande, romarin ou sauge par exemple.

Lorsque l’on sépare la bouture de la plante mère, on crée une blessure : coupe franche en dessous d’un nœud pour des boutures de tête ou de tronçon, arrachage d’un petit rameau pour des boutures à talon, arrachage du pétiole d’une feuille pour les boutures herbacée, etc.
C’est cette blessure qui va être à l’origine de tout le processus de régénération cellulaire permettant d’aboutir à la formation de nouvelles racines et donc d’un nouvel individu à part entière [1].
En effet, la blessure va bouleverser l’activité cellulaire classique pour favoriser la cicatrisation, en formant un cal, et engendrer l’apparition de cellules méristématiques totipotentes, qui sont capables de se dédifférencier et de se requalifier en cellules spécialisées [2].

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ces « supers » cellules sont généralement situées au cœur du tissu vasculaire afin de permettre la continuité des vaisseaux du xylème et du phloème permettant la circulation des sèves entre la bouture elle-même et ses nouvelles futures racines.
Les cellules méristématiques se modifient donc et se transforment en ébauches de racines, puis en bourgeons radiculaires et enfin en racines adventices, prêtes à alimenter le reste de la bouture en eau et oligo-éléments pour la faire grandir [3]. Ces modifications cellulaires libèrent également une phytohormone favorisant l’apparition des racines : l’auxine.

Le maintien de feuilles sur la bouture permet à celle-ci de continuer à produire de l’énergie en transformant le dioxyde de carbone en sucre, pour nourrir les cellules méristématiques et donc favoriser la formation des racines.

Chez certaines espèces, notamment de nombreuses Lamiacées, les méristèmes racinaires sont déjà présents en dormance à l’aisselle des bourgeons, accélérant ainsi la croissance des racines et la prise de la bouture.
Cependant, la réussite du bouturage ne dépend pas que de cette machinerie bien huilée mais également de nombreux paramètres liés à la plante mère, à la bouture elle-même ou encore aux conditions environnementales.

[1] Jardins de France, SNHF, n° 622, mars-avril 2013, https://www.jardinsdefrance.org/le-bouturage-ou-comment-naissent-les-racines-adventives/
[2] Gnis Pédagogie, Ressources Pédagogiques de la filière semences, https://www.gnis-pedagogie.org/sujet/cellule-vegetale/
[3] Marc Guegen, La multiplication des plantes, Encyclopédie pratique Truffaut, édition Bordas, 2002, p.23-23